Ils s'appelaient Arezki, Menad, Thanina, Ferhat, Anna ou Nafâa. Ils étaient collégiens, bergers ou sans profession. Ils étaient musulmans, chrétiens ou communistes. Ils sortaient à peine de l’enfance ; et les voilà happés par la tourmente révolutionnaire et précocement mûris par l'épreuve.
Rompant avec l'épopée patriotarde' (Lacheraf, dixit) du récit national, Abderrahmane Arab nous livre ici, à travers les destins croisés de ces adolescents, les doutes, les espoirs et certitudes- mais aussi les errements et les fractures qui ont marqué le combat libérateur. Et ce sont ces destins qui tissent la trame d'une fresque historique qui va des prémices de Novembre au Congrès de la Soummam, et de la Kabylie maritime aux cimes du Djurdjura. Autre originalité : la narration est régulièrement entrecoupée de pauses qui relèvent du théâtre plutôt que du genre romanesque. Et ces interludes dramatiques, ponctués de chansons populaires et de chants révolutionnaires, tout en restituant l'atmosphère de l'époque, contribuent à créer une distanciation qui incite à la réflexion sur la condition humaine en temps de guerre.