Bab El Oued porte bien son nom, « la porte de la rivière ». Que l’on vienne des hauteurs de la ville ou de la mer, on voit bien que l’oued qui vient de Frais Vallon y franchit l’ultime étape de son parcours avant de se jeter dans la Méditerranée. Avec le temps, le tracé du cours d’eau a été violé par une urbanisation aussi rapide qu’anarchique qui a tout ravagé, de Chevalley a la mer. L’homme, qui s’obstine à ignorer que la nature reprend toujours ses droits, le paiera très cher lorsque l’oued se révoltera un jour, par une matinée de novembre, emportant sur son passage des centaines de vies humaines (...) Mourad bridait instinctivement ses élans, persuadé que Nadia et lui appartenaient à deux mondes différents. Cela se voyait à l’allure et aux manières distinguées de la jeune femme, a ses toilettes recherchées et à sa large culture générale. Par pudeur et, surtout ; par intelligence, elle évitait tout étalage ostentatoire de son statut social. Mais de savoir qu’elle habitait au cœur de Hydra était édifiant. Le sourire angélique de la jeune femme arrachait pourtant chaque fois Mourad a ses doutes. La présence d’une femme que l’on aime écouter et regarder peut-elle, par magie, gommer les aspérités de l’existence ?