Où veux-tu que je t’emmène ? interrogeait le vieillard toujours un peu perdu.
- Marchons, répondait la petite fille, on verra bien !
 Mais toujours, qu’ils descendent vers le port ou montent vers la place du théâtre, quel que soit le détour, leurs pas les conduisaient vers cette rue en pente ou l'histoire commençait.
Lorsque l’air était doux et la terre sèche, ils s’asseyaient sur le talus et le grand-père, la canne entre les genoux, prenait une profonde inspiration, rajustait son chèche et puis, juste avant de parler, se ravisait et soupirait comme si tout était inutile, vain et sans importance aucune. Il fallait chaque fois que la petite fille insiste, les yeux brillants et les mains jointes :
 - Je t’en prie grand-père, que Dieu te garde, raconte-moi, raconte-moi !