Pour des raisons liées à l'histoire intellectuelle de l'islam, les oulémas sont devenus les détenteurs du savoir religieux supposé être supérieur au savoir profane. Celui-ci a été mis sous contrôle pour être conforme a la doctrine officielle. Le savoir non religieux devait être validé socialement par les oulémas, ce qui a fait disparaître la philosophie et toute pensée sociale autonome non conforme a l'interprétation des oulémas. C'est ainsi que Ibn Rushd, le plus célèbre disciple d’Aristote, et Ibn Khaldoun, le précurseur de la sociologie moderne, n'ont pas eu de postérité intellectuelle. Le résultat a été l'appauvrissement du discours religieux réduit à se répéter. Ce que les oulémas navaient pas compris, c'est que le texte sacré a besoin du savoir profane pour renouveler ses interprétations en fonction des évolutions historiques. L'humanité n'a pas cessé de produire le savoir aprés la révélation coranique, contrairement à ce que prétend le wahabisme. Le savoir en continuelle progression aide à mieux comprendre le besoin spirituel de L'homme. Le texte sacré ne s'explique pas par lui-même ; il s'explique par la philosophie et par la connaissance de l'homme et de la société. Les sciences humaines ne sont pas en concurrence avec la théologie ; au contraire, elles peuvent l'aider à s'ouvrir sur la société et à tenir compte des évolutions historiques.
Lahouari Addi - La crise du discours religieux musulman
ISBN:
9789931572565
Nombre de pages :
390
Edition:
Frantz Fanon
Date de parution:
01/09/2020