La Menoucha, dépositaire et usufruitière d'un legs préhistorique, peut être sédentaire ou itinérante, se déplaçant d'un village à l'autre de la même tribu. La tatoueuse occasionnelle, souvent artisane, travaille à domicile ; elle pratique un style dit Aceţţab, de moindre qualité esthétique, contrairement à la Menoucha qui use de son art de style Aneqqad, avec une grande maîtrise de son savoir-faire. Toutes les deux s'inspirent et perpétuent le même modèle de marquage corporel de leur confédération tribale. Les utilités de ce tatouage sont d'ordre esthétique, thérapeutique, prophylactique, talismanique, érotique et « spirituel ». Ce patrimoine pictural atemporel, adopté par les cinq continents et remontant au néolithique, s'est éteint en ce début du XXIème siècle, avec la disparition des dernières femmes tatouées. Les monothéistes qualifient les marquages corporels de « souillures » des créations divines ! Versus, les séculiers les considèrent comme une pratique coutumière ancestrale, un mode d'expression de la gent féminine dominée par le système patriarcal.
 
Toute perte d'un aspect culturel du patrimoine immatériel participe à l'appauvrissement de la société. L'auteur a tenté de rendre visible l'invisible, de déchiffrer ce que cachent ces symboles millénaires. L'histoire des tatouages des femmes rurales et paysannes kabyles du Djurdjura a disparu sans qu'elle ne soit écrite. Cet ouvrage a tenté, dans la mesure du possible, de combler un tant soit peu le vide ainsi créé. C'est dans ce sens que cette contribution constitue un apport exceptionnel à la compréhension de cet art géométrique corporel dit  « primitif ».
 
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L'auteur, professeur d'université, à la retraite active, s'intéresse depuis plusieurs décades à la protection ainsi qu'à la vulgarisation des patrimoines matériels et immatériels. Il s'est mis à l'écriture afin de faire connaître ce capital historique et identitaire de nos aïeux et aïeules, venu tout droit de l'antiquité.