« Pour la première fois, l'ombre du scandale se dressait à mon esprit. Je m'y voyais en face, résolue, armée de ma seule volonté, de la certitude profonde de ma liberté. Je savais que je n'avais à compter sur personne. Salim, dans ce nouveau jeu, serait pour moi un instrument. »
A. D.
 
Dans ce deuxième roman, écrit en 1958, un an après La Soif, Assia Djebar campe de nouveau un personnage de jeune femme entière et lucide. L'amour naissant que Dalila, dix-huit ans, éprouve pour Salim, ne l'empêche pas de porter un regard acéré sur les codes de la société algérienne traditionnelle faits de mensonge et de dissimulation, et auxquels tous ou presque (sa sœur et son frère mariés, ses tantes, ses cousins, les voisins), attendent qu'elle se soumette.
 
Elle s'en affranchira pourtant, en partie, prenant le risque d'être celle par qui le scandale arrive. Femme en voie d'une légitime émancipation, peut-elle être tenue pour seule responsable du drame qui surviendra, comme son entourage tente de l'en persuader ? Son intransigeance n'est-elle pas plutôt une des facettes de sa quête de liberté ?
 
Cette œuvre d'une grande modernité, tour à tour roman intimiste et étude de mœurs subtile, est le récit d'un devenir, celui d'une femme, en même temps qu'une ode audacieuse à l'éveil de la sensualité.
 
 
Née en 1936, Assia Djebar est l'auteure d'une œuvre imposante (romans, nouvelles, essais...) traduite dans le monde entier. Membre de l'Académie royale de Belgique et docteur honoris causa de plusieurs universités prestigieuses, Assia Djebar est entrée à l'Académie française en 2005. Considérée comme l'un des écrivains les plus importants et influents de sa génération, elle est décédée à Paris en février 2015.