Pourquoi un essai sur Jean-Paul Sartre et l’Algérie, et pourquoi aujourd’hui ? Question que se posera, d’emblée, n'importe quel lecteur. Il suffit d’avoir à l’esprit une autre question. Celle que s’était posée l’auteur lui-même : pourquoi le combat de Sartre pour l’indépendance n’a fait l’objet d’aucune publication ? Du côté français, on peut le comprendre, mais du côté algérien ? Niet catégorique. Qui plus est, dans Alger qui fut la ville de Maurice Audin et de Henri Alleg, aucune référence commémorative ne rappelle l’engagement du philosophe. Quant à l’Université algérienne, la liste des travaux consacrés à l’auteur de L’Être et le Néant demeure bien modeste. Oui, pourquoi ce point aveugle, cette désaffection pour le moins déconcertante ? S’agit-il d’ostracisme ou de simple zapping mémoriel ? Et pourquoi la seule évocation du nom de Sartre appelle-t-elle aujourd’hui, d’une rive à l’autre de la Méditerranée, indifférence ou dénégation, ici ; amnésie ou rejet, là-bas ?
Les engagements de Sartre nous autorisent à conclure avec certitude que l’anticolonialisme est un humanisme en acte. Comment ne pas s’étonner alors que de l’abondante bibliographie consacrée au philosophe, il n’y ait pas un seul ouvrage dédié pleinement à ce « couple » : Sartre/Algérie ? C’est dire que, par son essai, Kamal Guerroua vient combler une lacune qui ne trouve sa justification que dans le dépit de ces «belles âmes» de tous bords que l’auteur de Huis Clos dérangeait et dérange encore, plusieurs décennies après sa mort.
 
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Né en 1982, en Kabylie, Kamal Guerroua est journaliste et écrivain. Après, entre autres, Le Souffle du printemps -2012-, Le Chant des sirènes -2019-, et La contagion du bonheur -2023- ; avec Sartre et l’Algérie, il signe un essai aussi pertinent par son approche que percutant par son contenu.