« Staline, la machine à café soviétique cracha soudain un jet de vapeur en forme de point d'interrogation avant de jouer "Daronba bina" grésillant. Missoum soupira : "Même les communistes ont de la nostalgie, maintenant". »

                                                   Mimoun Ayer

En Algérie, les cafés meurent debout. Celui-ci s'appelait Le Café des pas perdus - et pourtant, il savait où aller.

Dans un Oran qui se rêve « Smart city », mais garde ses plaies sous le plâtre, Missoum, ancien marin tatoué de silences, tient son dernier rempart : un comptoir rayé comme une frontière, des murs qui suintent des souvenirs, et une boîte en fer qui refuse de s'ouvrir.
Autour de lui, une galerie d'âmes en sursis: Bakhta, la serveuse sourde-muette qui dessine les clients en animaux politiques; Houaria, l'influenceuse en burnout amoureuse d'un chanteur mort; Madani, le vieux moudjahid qui ment comme on respire. Sans oublier Staline, la machine à café soviétique qui joue du raï, et Al Kayed, le chat qui fait peur aux fantômes.

Quand la municipalité condamne l'établissement au nom du «Projet Oran 2030», chacun vient y régler ses comptes avec l'Histoire. Mais dans ce pays où les pelleteuses sont des archéologues à l'envers, la vraie mémoire est peut-être cachée sous le zinc...

Le Café des pas perdus est un roman où l'Algérie se raconte entre les craquelures d'un café, entre pastiche et poésie, comme un raï qu'on chuchote à l'oreille des ruines.