Réfléchir à partir d'un territoire intellectuellement asphyxié ? Penser la liberté au coeur de l'assujettissement ? Rêver aux bordures abruptes du renoncement ? Écrire l'avenir de l'Algérie à partir de ses échecs et ses égarements ? Tel est le difficile exercice que réussit avec brio Rabeh Sebaa dans ce livre. Recueil de chroniques parues dans le journal Liberté pendant une année, une année marquée par les promesses non tenues de la Révolution du 22 février et par les incertitudes qui s'en sont suivies, cet ouvrage mêle à la fois la démarche sociologique de l'universitaire et le regard démystificateur et subversif du citoyen en colère. S'attelant à débroussailler inlassablement le terrain, Rabeh Sebaa nous conduit droit à la source du mal : l'institutionnalisation de l'ignorance et la marginalisation éhontée des humanités. Chacune des chroniques composant ce recueil interroge une ou plusieurs dimensions des problèmes majeurs qui se posent à la nation, tout en problématisant le moindre aspect des phénomènes fondamentaux qui bousculent notre société. Ensemble, elles nous offrent une réflexion édifiante sur le rôle des élites embryonnaires, ou en voie de formation, dans un pays en quête acharnée de devenir.
 
Rabeh Sebaa est professeur de sociologie et d'anthropologie linguistique. Essayiste, romancier et chroniqueur, il est l'auteur de plusieurs ouvrages, essais, chroniques, récits, nouvelles et du premier roman en langue algérienne, Fahla, écrit simultanément dans les deux graphies latine et arabe. Parmi ses derniers ouvrages : Les sciences sociales en Algérie entre contrainte expressive et exigence cognitive ; Au fil des Algéries ; La ville moite ; Algéricides, chroniques d'un pays inquiet, etc.