« Hameg m'a recontactée. Les coups donnés sur la fenêtre étaient plus pressants que d'ordinaire. J'ai tout de suite compris qu'un danger était imminent. Il m'a remis une paire de vieilles baskets, des Palladium en pointure 43 alors que je chaussais du 38.

-Noue les lacets autour de tes chevilles, mets un voile et suis-moi. Dépêche-toi, ils vont venir t’arrêter ! Fais attention à ne pas me perdre de vue ! (...)

-J'étais déjà loin dans la seconde qui avait suivi. À une centaine de mètres après mon école, je suis tombée sur Boucharef Ahmed, l'un des trois garde-champêtres du village. Il m'a tout de suite reconnue :

Cours, jette ton voile ! Cours et ne te retourne pas ! M’a-t-il lancé, en faisant semblant de regarder ailleurs pour ne pas attirer l'attention du policier municipal Maatallah, en patrouille. Ce dernier avait dégainé son arme pour m'abattre, mais j'étais déjà hors de sa portée.

J'ai couru vers la sortie de Bouzaher, à l'ouest de Aïn Defla. Je l'ai fait tellement vite qu'il m'a semblé avoir des jambes de géant ».