Ahmed Ouyahia a toujours pris l'ascenseur dans le sens vertical de son mouvement. Souvent pour faire d'un seul saut plusieurs étages à la foulée, sans marquer la moindre halte. Il y est monté très haut. Tout à fait là-haut ! Jusqu'à cet avant-dernier étage de la haute pyramide du pouvoir d'où il nous voyait tout petits êtres humains, telles de minuscules tâches d'encre multicolores qui écument le sol.
Mais depuis la révolte née en février 2019, il fut sommé la mort dans l'âme de prendre ce même ascenseur dans le sens inverse. En chute libre, il s'est enfoncé encore plus profondément que le niveau de la surface du sol. Cloitré entre les quatre parois de cet appareil, il attend des jours meilleurs, privé de ses mouvements, d'air libre et de soleil.
Sans offense mais avec précision, cet essai L'impopulaire résume la condition d'un homme en parfait reflet d'un régime, frappés l'un et l'autre d'un même désaveu.