top of page

 

Je n'ai écrit jusqu'à présent que l'analphabétisme de mes parents, parce que c'était mon seul héritage et je devais l'assumer et l'écrire. Ce livre est le premier d'une série de quatre dans lequel j'ai commencé à m'écrire.

 

Sans nier tout ce que j'ai écrit avant ce livre, j'étais simplement à la recherche de comment écrire la poésie de l'oralité des miens. Comment écrire la sensualité d'une galette matlouâa chaude qu'on sauce dans l'huile d'olive... Ou la tartine beurrée chaude avec un thé à la menthe.

 

Comment, en tant qu'écrivain, écrire notre humanité et l'inscrire dans le patrimoine littéraire mondial, quand on a vécu dans une langue et qu'il faut l'exprimer dans une autre ? Ce passage historiquement nécessaire est « un saut de la mort » qui dépend de la qualité de l'élasticité des mentalités, et de l'audace à prendre des risques.

 

Slimane BENAÏSSA

 

Mes parents ne s'expliquaient pas, tout était clair dans la tradition et eux la respectaient. Mais ils faisaient tourner la parole pour la beauté des mots, avec l'espoir qu'un nouveau sens illumine le verbe, ou qu'une émotion s'incruste et fasse son chemin. Ils s'efforçaient de construire une complicité qui leur permettrait de se coaliser contre la loi traditionnelle pour garantir à leurs enfants une issue et leur assurer un avenir dans une histoire complexe, où la guerre s'annonçait, où l'islam s'enfonçait et où les Français se défonçaient, dans un espace trop étroit pour pouvoir créer une distance nécessaire et vitale. « Quand tout est contagieux, il faut savoir protéger sa santé » disait ma mère, ce à quoi mon père répondait : « Quand les religions se mélangent, il faut savoir protéger la sienne.»

Slimane Benaissa - Le sein de ma mère - Livre I

1 400,00دجPrix
Rupture de stock
  • ISBN:

    9789947631058

  • Nombre de pages :

    356

  • Edition:

    Dalimen

  • Date de parution:

    2022

  • Document:

    Récit autobiographique

Page d'articles: Stores Product Widget
bottom of page