S'il y a eu une règle que se devaient de respecter les gouvernants des deux rives, depuis l'année 1962, c'est celle des « ménagements algéro-français ». « L'amitié » franco-algérienne qui est venue s'y greffer, a fini par carencer le pays qui a perdu de son dynamisme et de ses forces.
 
 Faudrait-il se rappeler qu'il y a de cela cent-cinquante ans, en 1871, une guerre insurrectionnelle éclatait, qui aspirait à la remise en cause de l'expansionnisme français sur l'étendue du territoire algérien ? Parti de la Kabylie, rompue à la résistance patriotique, le soulèvement engloba très vite les régions du pays et parvint jusqu'au Sud, empruntant les circuits d'implantation de l'ordre de la Rahmania, soit les deux-tiers de l'Algérie. Le binôme confédérations kabyles-Rahmania avait organisé et conduit le plus grand soulèvement depuis le débarquement français de 1830 ; celui qui allait rééquilibrer les enjeux identitaires, doctrinaux et civilisationnels, n'était-ce l'inégalité des moyens de guerre largement en faveur de l'armée d'Afrique.
 
Vivre ce Cent-cinquantenaire est peut-être une chance dans notre existence, quand bien même une chance douloureuse par les cruelles conséquences de la guerre insurectionnelle. Mais, la vérité historique est là pour conforter nos convictions : celles de dire notre histoire scientifique, de tenir résolument à elle, d'abord pour nous, ensuite nos descendants qui s'enorgueilliront de leurs ancêtres.
 
Aussi, ce livre, leur est-il entièrement consacré. Comme il est dédié à toutes les victimes de l'acharnement colonial qui a caractérisé l'année 1871.
 
Younès Adli est Docteur en Langues, littératures et sociétés. Le doctorat de l'INALCO de Paris est venu consacrer d'autres diplômes de l'auteur : une licence en Sciences politiques obtenue à l'Institut d'Etudes Politiques -IEP- d'Alger, en 1977, et un DEA en Histoire et civilisations de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales -EHESS- de Paris, de 1981.